Espace documentaire
Ma mer

Regards croisés sur la culture maritime
à l'ère de l'intelligence artificielle

Ensemble à la table à dessin?

Des scénarios d'avenirs maritimes se dessinent grâce à une compréhension élargie du potentiel et des risques de l'intelligence artificielle (IA).
L'IA est jeune, et vous êtes son avenir.

Imaginez avoir une page blanche, un crayon...
et 967 millions de dollars!

Lors du congrès Avenir maritime 2021, l'espace documentaire collaboratif Ma mer a porté son exploration sur les fondements essentiels de l'intelligence océanographique et fluviale, celle de la mer, de ses écosystèmes et de ses peuples, dans le contexte d'une économie numérique. Basé sur des travaux ayant mené à des politiques publiques internationales qui soulignent entre autres le rôle des arts et de la société civile dans la gouvernance numérique, l'espace Ma mer repose sur trois piliers: information, accès et gouvernance. Ces concepts seront expliqués un peu plus bas.

Cliquez ici pour voir le scénario-programme de l'espace documentaire collaboratif Ma mer, facilité lors du congrès Avenir maritime, ainsi que les biographies des invité.e.s.

Valentine Goddard, Juin 2021

L'avenir maritime est ici, aujourd'hui.

L'intelligence artificielle est dans notre fleuve Saint-Laurent et nos écosystèmes océanographiques.

Au cours du mois de juin 2021, plusieurs annonces importantes de stratégies et d'investissements publics, visant à soutenir une relance économique, ont soulevé espoirs, et inquiétudes. En effet, alliant les forces du secteur maritime et de l'intelligence artificielle, ces stratégies ont un important potentiel de développement socio-économique, mais présentent également le risque d'augmenter des inégalités sociales.

Voici un bref aperçu de quelques-unes des annonces prévues:

- Québec investira 967 millions de dollars dans une stratégie maritime, incluant une enveloppe de 232.6 millions pour le respect des "écosystèmes", et près d'un million pour un "corridor intelligent", annoncé au début juin par la ministre déléguée aux Transports, Mme Chantal Rouleau. Toutefois, un "corridor intelligent" semble étroit malgré les espoirs que parsèment les investissements portuaires le long de son parcours. Quant à lui, le concept de mer intelligente confère une plus grande place pour la protection des écosystèmes environnementaux et sociaux qui l'habitent. Notons qu' à cet effet, monsieur Jean-Yves Duclos, président du Conseil du Trésor du Canada, a précisé lors du rejet du projet Laurentia, que "En 2021, l'environnement n'est plus une distraction pour les gens, c'est une préoccupation, et que le développement économique doit se faire dans le respect de l'environnement. On parle de l'environnement naturel, maritime, et social.»

-Le 2 juillet, monsieur Éric Caire, ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale, annonce un plan, longuement attendu, de développement d'IA, et souligne les avantages de partager les données entre différents ministères, briser les silos, et éviter les risques de biais que présentent les technologies IA.

Puisqu'il est prévu que les dépenses mondiales en IA atteindront près de 98 milliards de dollars en 2023, et que la gestion des ressources naturelles, océanographiques et fluviales, fait face aux mêmes enjeux éthiques, sociaux, juridiques, culturels, politiques et économiques que l'IA en gestion des services aux citoyens, en soins de santé, sécurité ou en éducation, il est essentiel d'y inclure un grand nombre de citoyens. D'où le rôle important des arts dans le développement et la gouvernance d'une stratégie maritime numérique.

L'espace documentaire Ma mer, aura été l'occasion de faire d'importants premiers pas dans la co-construction d'un manifeste pour une mer intelligente. À suivre!

L'espace documentaire Ma mer est parsemé de quelques moments ludiques comme celui-ci, une réflexion poétique et collaborative de 53 secondes. Vous y trouverez la série photographique Les Grands bateaux attendent de Baptiste Grison, les hublots en film argentique de l'étudiante à la maîtrise Camille Bernier, et plongerez sous les flots avec les enregistrements sous-marins des bélugas, baleines noires et des moteurs (gracieuseté du projet de recherche Mars mené par l'ISMER). À moins d'indication contraire, la majorité des visuels et estampes numériques sont des créations de Valentine Goddard (c'est moi! Je me présente dans le prochain paragraphe).

Un mer intelligente : l'art à la barre! Comment écrire, ensemble, l'histoire de notre avenir.

Comme facilitatrice de cet espace, je me présente: avocate depuis plus de 20ans, originaire d'un village côtier du Saint-Laurent, mon travail se concentre sur les implications éthiques, juridiques et sociales de l'intelligence artificielle. En tant que commissaire inter-arts, je place une grande importance sur le rôle des arts dans un développement et une gouvernance éthique et responsable de l'intelligence artificielle. C'est donc avec plaisir que j'ai exploré avec des artistes invité.e.s, les fondements d'une intelligence artificielle, équitable et durable, conçu par et pour, la mer et ses peuples.

C'est lors des ateliers informatifs et consultatifs pancanadiens Art Impact que les participant.e.s ont exprimé un besoin pour plus d'information, d'accès et de capacité à gouverner l'IA, tel qu'illustré ci-dessous. Le rapport Art Impact a donné lieu à des recommandations en politiques publiques des Nations Unies qui ont souligné notamment le rôle des arts et de la société civile dans la gouvernance numérique durable et équitable.

1. INFORMATION (BLEU) : La majorité des milliers de personnes rencontrées ont affirmé ne pas avoir assez d'information au sujet de l'IA pour informer des choix éclairés, que ce soit comme citoyen.ne, entrepreneur.e, ou comme élu.e. Il est urgent d'investir et financer des campagnes d'information et d'engagement, indépendantes du lobby du secteur privé, proactives auprès des personnes sous-représentées en IA, et adaptées aux besoins de diverses communautés.

2. ACCÈS (JAUNE) : La liste d'épicerie pour être en mesure d'accéder à l'IA varie d'un groupe social à un autre. On parle ici d'accès au capital d'investissement, via des règles de financement public (ex.: financement en IA pour des organismes sans but lucratifs), ainsi qu'à l'accès aux outils et aux infrastructures nécessaires (internet, port, bateau) pour développer, et profiter des bénéfices générés par des technologies «intelligentes», ou des partenariats de données.

3. GOUVERNANCE (ROUGE) : La gouvernance, c'est un pouvoir décisionnel, un cadre normatif, qui façonne l'impact social qu'aura l'IA. Il est question dans cette section de mise en place de politiques assurant l’accès à des positions de gouvernance des données et de l’IA pour les genres et les communautés sous-représentées, susceptibles de déterminer l'avenir de l'IA, et son impact social.

Cliquez ici pour lire le rapport et les recommandations Art Impact AI ou encore visionnez la visio-conférence présenté à l'Institut Turing qui explique plus en détail comment s'intègrent les arts dans une IA bénéfique pour la société.

1. Information: Quels sont les outils de communications et d'éducation efficaces pour rendre valoriser de façon durable et inclusive l’environnement naturel, maritime et social du fleuve St-Laurent?

Le rôle des arts dans le développement et la gouvernance d’une mer “intelligente’ est fondamental pour favoriser un narratif indépendant, une approche novatrice et créative, et l’inclusion de perspectives diverses. "La recherche-création est essentielle pour mieux comprendre et valoriser le fleuve Saint-Laurent!", souligne avec enthousiasme l'experte en maritimité et écosystèmes du fleuve Saint-Laurent, artiste et chercheuse scénique, écH2osystème, Geneviève Dupéré.

Face aux nouvelles sciences et technologies comme l'IA, la conception de politiques légitimes, nécessite: 1) un grand nombre de citoyens, 2) une diversité de perspectives et 3) une compréhension des implications de la science ou de la technologie en jeu. L'art est l'un des meilleurs moyens pour y parvenir, s'étant avéré à maintes reprises un outil puissant pour améliorer la compréhension du public sur des questions complexes, engager la société civile dans un dialogue social informé, et revitaliser les processus démocratiques.

Les grands experts en IA sont d'accord: "Dans la transformation scientifique et culturelle nécessaire pour aligner le gros bateau de la technologie et de l'IA avec nos valeurs et notre bien-être, (...) des projets qui combinent art et appropriation de l'IA par tous et pour tous, ont un rôle important." disait le professeur Yoshua Bengio, directeur scientifique au Mila, au sujet du projet d'Art algorithmique pour réduire les biais de genre en IA, PearAI.Art.

L'art de la photographie, comme miroir de l'empreinte de l'humain sur son paysage, est mis en valeur par notre 2e invité, Claude Goulet, fondateur et directeur artistique des Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie. Il soulève notamment l'exemple crève-coeur où un quai aurait été construit à la plage de Percé avec peu, ou pas, de concertation, ni études d'impact sur l'environnement, et qui a eu un impact désastreux sur la communauté et ses pêcheurs . Bref, c'est un quai qui fait des vagues...

« Le paysage québécois joue un rôle fondamental dans notre culture, au sein de notre imaginaire collectif, en plus de constituer, littéralement, empiriquement, le cadre même – le cadre physique, géomorphologique – de la réalité sociale, politique et économique du Québec contemporain." Alexis Desgagnés

M.Goulet a également rappelé que certaines communautés ont perdu leurs ports, un refuge sans lequel, les pêcheurs ne sont pas en sécurité, et ne peuvent assurer leur sécurité alimentaire. Sans cette base, il est difficile de concevoir comment ils auront accès à l'infrastructure nécessaire pour être parties prenantes d'une économie maritime numérique. Quelques rares documentaristes, dont Richard Lavoie, osent aborder le sujet des quais de refuge qui, selon certaines sources, brise des carrières faute de soutien politique. Ce qui nous mène vers le 2e fondement d'une IA éthique et responsable: l'accès. *Suivi 20 juillet 2021: 36.6 millions pour les petits ports du Québec.

Photos à droite: en noir et blanc, Serge Clément, en couleur, William DeMerchant.

2. Accès

Comment rendre plus accessible l'IA et réduire la fracture numérique? Les investissements vers une mer intelligente représentent un potentiel important pour la relance économique et l'avenir maritime, mais concrètement, comment assure-t-on un accès équitable à l'économie numérique?

Les solutions pour assurer un accès équitable varient d'une communauté, d'un groupe social, d'un secteur, d'une région à une autre. Nous avons relevé quelques exemples et quelques solutions en mettant l'accent sur les inégalités de genre et les inégalités régionales, car elles apparaissent plus critiques.

Experts et parties prenantes s'entendent pour dire que la démocratisation de l'accès à l'IA est importante. Toutefois, ce concept risque de se délaver à moins de lui assortir l'écoute des besoins de la société civile et des changements systémiques. Les participants aux ateliers d'Art Impact ont exprimé des besoins de base comme la sécurité alimentaire et un logement, avant même de parler d'internet haute-vitesse. Pour plusieurs entrepreneur.e.s du secteur social (entrepreneuriat social), aucun financement n'est disponible pour amorcer le simple processus de collection et annotation de données.

En 2019, l'Organisation mondiale du travail a prévenu les dirigeants mondiaux que "Laissée à son cours actuel, l'économie numérique risque de creuser les écarts entre les régions et les genres." En 2021, la transformation numérique s'est accélérée, et la fracture numérique genrée et régionale s'est creusée proportionnellement. D'ailleurs, un récent rapport de la Banque Royale du Canada souligne comment la fracture numérique freine l'économie canadienne et des communautés autochtones.

Qu'est-ce qu'une fracture numérique? C'est lorsque certains groupes, secteurs, genres, ou régions n'ont pas accès aux mêmes opportunités, ou pire encore, font face, à des obstacles auxquels d'autres groupes ne sont pas confrontés.

En intelligence artificielle, le manque de formation, de ressources techniques, d'infrastructures telles qu'internet, et l'accès au financement pour soutenir l'entrepreneuriat incluant les organismes sans but lucratif (OSBL), font partie des enjeux à résoudre pour assurer l'accès à l'IA et l'économie numérique.

Une mer intelligente saura, on espère, adapter les technologies aux besoins des communautés côtières, comme les pêcheurs, car favoriser un accès à l'économie numérique signifie entre autres s'assurer que les outils numériques soient conçus en intégrant leur sagesse et leur expertise.

Historiquement, les peuples de la mer, a rappelé Martin Roussy, directeur du Musée de la Gaspésie, ont su adapter leurs embarcations et méthodes de pêches aux réalités des courants, des marées et des vents du fleuve Saint-Laurent, mais parfois aussi au gré de décisions prises loin des réalités locales. L'écoute de cette sagesse est également importante pour une conception efficace des politiques publiques en matière de pêche.

Elinor Ostrom, Prix Nobel d'économie, souligne d'ailleurs l'impact du manque d'écoute envers de la sagesse locale sur le moratoire de la pêche à la morue.

"Des données très agrégées peuvent ignorer ou neutraliser des connaissances locales importantes pour l'identification de problèmes futurs et l'élaboration de solutions. Par exemple, en 2002, un moratoire sur toute pêche à la morue du Nord a été déclaré par le gouvernement canadien après l'effondrement de cette précieuse pêche. Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ? Il y avait une variété de problèmes liés à l'information, notamment (...) le fait d'ignorer les pêcheurs côtiers qui capturaient des poissons de plus en plus petits et doutaient de la validité des évaluations de stock. Cette expérience illustre la nécessité de collecter et de modéliser des informations à la fois locales et agrégées sur les conditions des ressources et de les utiliser pour élaborer des politiques publiques appropriées." E. Ostrom

L'extrait de l'histoire des Cowboys de Terre-Neuve, ci-dessous, est un exemple d'art littéraire qui illustre cet impact sur la sécurité des pêcheurs qui font un des métiers les plus dangereux.

Les notions d'accès à la technologie, aux données et à l'IA, se tissent avec celle de la gouvernance inclusive au sein d'une économie numérique.

Il existe une interaction constante entre le fait d'avoir des informations sur l'IA, d'y avoir accès et, par conséquent, la capacité de développer l'IA par et pour la communauté. Une interaction similaire existe entre les informations sur l'IA et le fait d'avoir un impact sur le développement et la gouvernance de l'IA. Disposer d'informations sur l'IA est fondamental et constitue la base du déploiement de l'IA dans une société démocratique. Cela éveillera l'intérêt sur la façon dont elle pourrait bénéficier au développement socio-économique de la communauté. C'est la première étape pour créer un accès à l'IA, et une condition essentielle à la capacité des citoyens de faire des choix informés (gouvernance démocratique).

Une relance économique et un avenir maritime numérique qui reposent sur les bénéfices potentiels de l’IA, doivent absolument inclure des politiques concertées et transformatrices, reliant stratégiquement les efforts entre ministères et secteurs, afin de s’assurer proactivement que l’égalité hommes-femmes est priorisée, et éviter une diminution encore plus grave des opportunités pour les femmes en emploi. Soulignons qu'il y a en moyenne de 0 à 15% de femmes en IA et que les secteurs maritimes et technologies sont également marqués par une disproportion hommes-femmes en emploi.

Dans sa stratégie d'IA, le ministre Clair a bien souligné l'importance de briser ces silos pour être en mesure de partager des données entre ministères, et éviter les risques de biais en AI. Reste à voir quelles politiques interministérielles et systémiques seront mises à l'effort. *Ces questions seront approfondies lors des prochaines étapes (voir la section PRENEZ LA BARRE à la fin de ce document).

Une piste de solution: un changement aux politiques de financement en IA rendant possible un plus grand nombre de projets de recherches avec une approche "STEAM" (incluant les arts et les sciences humaines et sociales) dans la recherche et développement de sciences tels que l'IA, aurait un impact positif sur l'équilibre des genres dans l'accès aux opportunités que peut offrir une mer "intelligente". L'économie bleue et la stratégie maritime bénéficieraient de cette "vapeur".

Qui plus est, un corridor “intelligent” empruntera le corps de la mer, une entité perçue depuis des millénaires comme féminine par les savoirs traditionnels autochtones. Ne serait-il pas grand temps de donner un plus grand pouvoir décisionnel en matière de gestion des ressources océanographiques et fluviales, entre les mains des femmes, et concevoir une “mer au féminin”? C’est du moins ce que recommandent certaines instances des Nations Unies.

“Femmes sur la lune, femmes du fleuve"

Cette estampe d'art algorithmique que j'ai réalisé réalisée à partir des données recueillies dans le cadre du projet PearAI.Art, est un exemple de projet "STEAM". Cette recherche en apprentissage de langage et génération d'image automatisée inclut une intervention menée par des femmes sur les biais de genre en IA avec l'aide d'une application visant la collecte et l'annotation de données. Ce type de projet Art et IA inclut des chercheur.e.s postdoctoraux en IA de différentes universités, des praticien.nes inter-arts et des artistes.

*La dernière couche ajoutée à l'estampe numérique est une image satellite du Lac St-Pierre, gracieuseté de Pierre-André Bordeleau, RIVE, UQTR. 

3. Gouvernance

La marée des données monte.
Elle a une valeur économique et sociale.
Où va-t-elle? Où la mènerons-nous?

Pour respecter l’intelligence de la mer, valoriser celle de ses peuples et naviguer constructivement vers un fleuve « intelligent », ce sont nos coups de rames qui détermineront l'impact social, économique, et culturel de la valeur que nous saurons tirer de cette marée de données.

Tableaux de bords intelligents, bouées connectées, caméras et enregistrements sous marins en temps réel, une mer de données, océanographiques et fluviales. Si l'intelligence artificielle permet de mieux comprendre les océans et notre fleuve Saint-Laurent et la diminution de l'impact du bruit sur les mammifères marins, il reste néanmoins que les stratégies économiques à l'ère numérique reposent sur la possession, et la valorisation des données ce qui ne va pas sans soulever des enjeux au sujet de leur propriété, leur monétisation, et leur souveraineté.

Le cadre de gouvernance actuel souffre de l'impact de la fracture numérique, tandis que les innovations réglementaires, les cadres normatifs et les chartes éthiques pour une IA responsable reflètent un déséquilibre de pouvoir.

Lors du congrès, avec nos invité.e.s, nous avons eu l'opportunité de plonger au coeur des notions de propriété et de souveraineté de données. Le protocole suivant de communautés autochtones de plusieurs nations du monde au sujet de l'intelligence artificielle recommande par ailleurs un respect de cette souveraineté et certains gouvernements tels que celui de la Nouvelle Zélande ont intégré ce principe dans leurs corpus de lois.

Ci-dessous, le court texte poétique et politique de Kateri Lemmens redirige la définition de propriété vers celle de responsabilité collective.

Si, comme l’écrivait Jacques Cousteau, «on protège ce qu'on aime, et on aime ce qu'on connait», que peuvent la littérature et les autres arts en regard de menaces qui pèsent sur le fleuve ? Peut-être un déplacement ou un retournement du regard qui suscite à la fois l’étonnement, l’émerveillement et, peut-être alors en retour, le désir de connaître et, peut-être aussi de protéger contre ce qui pourrait, un jour, être notre «erreur fluviale»? L’écopoétique, une pratique de recherche-création qui s’ouvre à la pluralité des savoirs, cherchera alors à nous rappeler les rapports historiques, politiques ou scientifiques avec le monde et la nature afin de raviver, de manière poétique ou imaginative, des relations profondément humaines à nos imaginaires du fleuve. Et, quand vient le temps de poser la question de notre responsabilité, nous en venions à poser les questions à l’envers :  Pas seulement, donc «À qui appartient le fleuve" ?  À qui appartiennent les bélugas et les douze autres espèces de baleines du Saint-Laurent ?  Qui possède le monde ?» Mais peut-être aussi : «À qui appartiens-tu ?  À quoi appartiens-tu ?  De qui, de quoi es-tu le garant, le gardien ?  Où sont les tracés, les limites, les frontières ?  Où est mon début, où est ma fin ?»

Écrits de Kateri Lemmens, notes partagées lors de la co-création de l'espace du documentaire collaboratif. Voir à ce sujet l'essai littéraire poignant, "J'écris fleuve".

Les questions soulevées sont plus importantes à ce stade que les réponses, car un processus itératif et inclusif est clé dans la détermination des valeurs sociales et culturelles qui nous mèneront vers une mer intelligente. C'est ensemble qu'il faudra déterminer ce que signifie ce concept, et comment seront investis ces millions.

"Une mer intelligente est une mer intelligible, une mer sensible et sentie, une mer sage, qui assure une pérennité des ressources naturelles et humaines, de notre territoire, et ce, dans le respect des savoirs traditionnels autochtones.” Mélanie Brière, Kateri Lemmens, Valentine Goddard.

Et vous, qu'en pensez-vous?

Deux références pour une mer intelligente

Cliquer ici pour lire l'étude socio-juridique sur la faisabilité d’une fiducie de données pour le Fleuve Saint-Laurent, en collaboration avec les parties prenantes du secteur des pêches de la Gaspésie et des Îles de la Madeleine. Une lecture utile en économie numérique, gestion durable, et innovation agroalimentaire.

Champs d'actions pour des politiques publiques en environnement et gestion des ressources naturelles à l'ère de l'IA et de l'économie numérique, un bref soumis, accepté et présenté aux Nations Unies, Mai 2023.

Valentine Goddard sur Linkedin et Instagram.

Merci au Réseau Québec Maritime et à l'Université du Québec à Rimouski pour leur soutien à ce documentaire collaboratif.